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JE SUIS PHOTOGRAPHE À CAEN (14), EN NORMANDIE
Pascal Lecoeur commence la photographie avec son premier appareil, un Pentax Spotmatic, et n’a jamais arrêté depuis. Cependant, son gagne-pain n’est alors pas encore la photographie, mais le commerce de fruits et légumes ; il fait des tournées pour vendre ses produits.
Il s’installe à Saint-Aignan de Cramesnil (Le Castelet), à une dizaine de kilomètres de Caen, en 1988 et crée un club photo dans le village. Entre amateurs, une dizaine d’actifs, ils montent quelques expositions et des sorties, avant de s’affilier à la Fédération Photographique de France et de participer à des concours, notamment la Coupe de France.
« Le club de Saint-Aignan était un ovni parmi les autres clubs photos car on avait quelques très bons photographes et le niveau était plutôt haut. » Pascal participe donc à de nombreux concours, mis en place par des clubs photos, mais pas que. De grandes enseignes, telles que Leclerc ou Carrefour, avaient l’habitude d’organiser des concours avec de très beaux lots à la clé. « Je raflais tout à une époque » s’amuse Pascal. « J’ai gagné des appareils, mais surtout plusieurs voyages, à Cuba, Ile Maurice ou en République Dominicaine par exemple. Et puis les concours c’était aussi l’occasion de faire de superbes rencontres. Une qui m’a beaucoup marquée, c’est celle avec Jean-Loup Sief » se souvient Pascal.
En 2001, Pascal devient maire-adjoint de sa commune. Le maire est l’un des premiers à prendre des arrêtés contre les OGM et Pascal propose, en 2007, de contacter Yann-Arthus Bertrand, qui se bat pour l’environnement, pour organiser un événement à Saint-Aignan autour de l’écologie et de la photographie. L’école du village n’ayant pas de nom officiel, elle s’appellera désormais l’école Yann- Arthus Bertrand. Ce dernier vient passer une journée dans la commune, à la rencontre des enfants et des habitants.
« C’était une très belle journée et niveau communication, c’était parfait pour faire connaître la commune. Plus tard, Yann- Arthus Bertrand m’a demandé si on était intéressé par son matériel argentique et il en a fait don au club photo ! »
En 2008, Pascal est élu maire de Saint-Aignan de Cramesnil et se lance professionnellement dans la photographie la même année. Il était déjà en micro-entreprise pour sa première activité de commerçant dans les fruits et légumes ; il ajoute donc simplement celle de photographe et gère sa double activité en plus de son mandat de maire.
En tant que photographe installé, Pascal Lecoeur démarre avec quelques mariages, d’abord ceux des copains, dans la région autour de Caen. Puis, en 2013, il découvre l’AFMI et ne cesse de se former depuis. « J’ai suivi plus de 20 formations et j’ai évidemment beaucoup appris ! J’ai essayé de toucher à tout, autant sur la technique – lumière, portrait, lightroom, sur le marketing ou la partie plus commerciale de mon activité. Je continuais aussi mes tournées de fruits et légumes en parallèle pendant lesquelles j’en profitais pour faire des photos ! »
En 2015, Pascal crée son « home studio » pour diversifier son activité et pouvoir proposer des portraits en plus des mariages. La même année, lors d’un stage en immersion en lumière continue, Franck Lecrenay lui souffle l’idée d’adhérer au GNPP (devenu depuis la FFPMI), ce qu’il fait sans regret.
En effet, dès 2016, il reçoit un prix lors de sa première participation à l’Eté des Portraits à Bourbon Lancy, puis en 2017, il obtient son premier titre de PDF (Portraitiste de France) ; en 2018, il entre au bureau du GNPP Normandie ; en 2019 et 2021, il remporte un deuxième puis troisième titre de PDF, sans compter quelques récompenses aux MPPF (Médailles de la Photographie Professionnelle Française).
« Gagner tous ces prix c’est vrai que ça booste et ça motive. Grâce à eux, j’ai aussi pu faire pas mal d’expositions, à Caen, au Havre, à Alençon, à Arles, à La Loupe ».
En 2019, Pascal Lecoeur ouvre un studio à Caen, place Saint-Sauveur ; Le Bokal. Dans ce nouveau local, qu’il partage avec un vidéaste, il fait les portraits individuels et garde les familles pour son « home studio » à Saint-Aignan. « L’avenir pour moi, c’est d’avoir un local à plusieurs, qui du coup sert tous les jours. Il faut mutualiser pour réduire les coûts ! Moi par exemple, je travaille avec Stéphanie André pour les mariages. Quand on couvre un mariage à deux c’est génial, on a plus de libertés et plus de possibilités ! Mais ça reste chacun son boulot et chacun ses images. »
Depuis 2019, Pascal a arrêté ses tournées de commerçant en fruits et légumes et son mandat de maire, il a raccroché pour se consacrer uniquement à son activité de photographe.
« J’ai plus de temps pour la photo mais aussi pour moi ! J’ai une bien meilleure qualité de vie et le temps de développer mon activité ! » s’enthousiasme Pascal.
Lors d’une année « normale » (sans confinement ni pandémie mondiale !), Pascal couvre environ une vingtaine de mariages, qui constituent autour de 60 % de son activité, complétée par des portraits – individuels, en famille, des enfants, des professionnels, des portraits ou des reportages en entreprise.
« J’ai également deux bornes que je loue pour compléter mes revenus. L’important pour moi c’est vraiment de prendre du plaisir dans ce que je fais, c’est pour ça que l’humain est toujours au cœur de mon travail. Que ce soit au studio, en entreprise ou pour mes séries plus personnelles. »
En ces années 2020/21 si particulière et difficile pour tout le monde, Pascal a tout de même couvert une douzaine de mariages, mais en a beaucoup de reportés. Dès que la crise sera terminée, il continuera sur sa lancée en accueillant ses clients dans ses deux studios, tout en développant quelques séries personnelles et en espérant faire quelques voyages.
Texte : Emilie Quittemelle.